Information en ligne : mort justifiée du monopole journalistique

Il y a quelques mois j’ai du produire un mémoire de fin d’études, le fruit de plusieurs années de réflexion sur la presse en ligne, la presse en général et la pratique du journalisme. Son intitulé ?

Information en ligne : fin du monopole journalistique et reconquête de l’espace citoyen par les internautes

En résumé :

ce mémoire traite la question du partage de l’information en ligne entre différents acteurs : ce partage qui matérialise la mort du monopole journalistique sur l’information, au profit d’une reconquête citoyenne de l’espace public par les internautes, qui nous fait passer d’un pouvoir exercé verticalement (des journalistes, en haut, vers les lecteurs, en bas) à un pouvoir horizontal (partagé par l’ensemble de la communauté internaute).

Des prétextes pour justifier l’appauvrissement d’une certaine information

L’idée, c’était de mettre en avant les problèmes rencontrés par la presse en ligne de nos jours. Ils ne sont pas nouveaux et étaient déjà évoqués dans le milieu des années 2000 ; il me semblait toutefois nécessaire de les rappeler pour contextualiser mon vrai propos, qu’ils contribuent à masquer : l’appauvrissement de l’information citoyenne par la corporation journalistique. Il s’agissait ainsi de détailler à travers la structure et le travail du webjournaliste, les processus qui rendent cet affaiblissement possible, tout en tentant d’en expliquer les causes et en formulant quelques espoirs pour l’information citoyenne.

Les médias comme industries culturelles où l’info citoyenne n’a pas sa place

L’étude de la structure pour laquelle j’ai travaillé quelques mois est révélatrice de l’importance excessive donnée aux problèmes d’ordre financier. Cessons un peu d’être naïfs : la presse en ligne clame qu’elle cherche toujours son modèle économique et à côté de ça, la majorité des journaux s’engouffre dans la même niche saturée, où ils partagent la même audience et la même offre publicitaire, en crise depuis 2008. Ils se concentrent les uns avec les autres sur la même ligne éditoriale et dans les mêmes groupes multimédias. Pourtant, s’estimant victimes, ils voudraient être (et sont souvent) aidés financièrement (par l’Etat), au nom de la sauvegarde de la démocratie, dont ils sont censés être les garants. L’engagement est mal respecté. Et on comprend mieux pourquoi quand on admet, preuves à l’appui, que les médias sont devenus des industries culturelles comme les autres, vendant, selon des principes marketing, une “information-produit” (via le terme flottant de « médias » qui a contribué à créer l’amalgame entre le medium et sa fonction) et non de l’information pour les citoyens qu’ils sont censés servir (sinon pourquoi arguer de la démocratie?).

A partir de cette constatation, je me suis demandée à quel moment les organes de presse étaient devenus des entreprises et comment la liberté de la presse avait pu sembler conciliable avec des intérêts financiers reposant sur le concept d’audience de masse. Et surtout, comment un droit public et citoyen -le droit d’informer- avait pu s’être arrogé par une corporation et corrompu pour devenir un enjeu économique ?

Internet : le pouvoir horizontal

Trahis par un système qui cherche moins le bien collectif que le “remplissage” de ses membres (en apparence comblés mais en réalité toujours en demande comme le veut la sacro-sainte société de consommation), les citoyens devraient court-circuiter les processus de pouvoir (corrompu) et organiser de nouveaux moyens de mobilisation et de partage. Et on remarque qu’en effet, en marge des organes de presse en ligne, tandis que l’accès à l’espace d’expression publique a été rendu plus facile et quasiment gratuit par internet, les internautes tentent de recouvrir leur souveraineté sur le droit d’informer. Ils se réapproprient l’espace public, pour s’y exprimer et y être entendus sans intermédiaires. D’égal à égal.

Ma réflexion s’est articulée autour de différents points (qui sont autant d’articles à venir) :

1. L’info-tainment : une niche saturée qui utilise les codes du marketing

2. L’actualité : imposture et pompe à désir

3. L’arrogation du monopole de (dés)informer par la caste journalistique – Ou comment les médias sont devenus une industrie culturelle

4. Information ou la fable de l’eau conceptuelle

5. L’illusion de l’info participative – La communauté méprisée

6. La reconquête de l’information par le web et ses écueils

W.I.P.

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